David Douard est sans doute une des révélations les plus troublantes de ces dernières années. Son oeuvre plonge sauvagement dans les références les plus contradictoires : poésie, histoire des sciences, technologie, animisme, contreculture, et s’exprime par des travaux qui combinent vidéos, sculptures, collages, sons, dessins et chefs-d’oeuvre du passé greffés sur des installations interactives pour construire des récits allégoriques qui témoignent
des relations infectieuses qui se nouent entre des mondes qui s’espéraient imperméables les uns aux autres. Transformant l’exposition en une rumeur, David Douard propose pour sa première monographie d’envergure de s’insinuer dans les « maladies du réel ». Composée d’oeuvres virales générées par un texte-matrice, l’exposition aborde les glissements et fractures lentes qui hantent nos consciences et deviennent des sculptures hybrides, des
scripts mutants ou des images qui échappent à tout contrôle.

David Douard (né en 1983, vit et travaille à Paris) s’inspire des mécanismes de transformation et de développement à l’oeuvre dans notre monde, faisant des plantes, de l’esprit, de la salive, de l’image, de la technologie ou du langage des outils pour révéler les principes de transmission. Organique, poreuse et complexe, son oeuvre se déploie par rebonds et imite les dynamiques de la prolifération et du virus, s’insinuant dans les
« maladies du réel » et les contaminations du monde, et s’infiltrant dans les mystères et anomalies de notre programmation.

David Douard déploie l’exposition « Mo’Swallow » comme une fable qu’il déroule entre un sein nourricier et un oeil effaré, témoignant des mutations absurdes du monde. Il utilise ainsi le motif de la rumeur, mystérieuse contagion mentale aux allures de spasme irrationnel, sans substance, raison, intention, ni même origine. Elle naît, se développe, se transmet, rebondit, disparaît, se transforme et rejaillit, s’enrichissant des prouesses du langage et du terreau fertile des mythologies contemporaines. Signe du vivant et du mouvement des imaginaires, elle est proche d’une pensée primitive, instinctive, dont se nourrit l’exposition. Oeuvre collective, elle agit ainsi comme un relais des inconscients, une contamination progressive des psychés. Envoûtement du monde et ventriloquie du collectif, cette contagion mentale est autant une réponse magique qu’un remède nécessaire pour maîtriser l’inconnu. « Mo’Swallow » puise ses formes dans cette jubilation de l’absurde souvent proche du rêve éveillé, recréant par mutations un scénario où l’humain, la poésie, le langage et la machine deviennent les révélateurs des troublantes activités du monde.

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