Du 27 septembre au 13 décembre 2020, le Plateau présente une exposition personnelle de David Douard intitulée O’ Ti’ Lulaby, regroupant principalement des nouvelles productions, installations, pièces sculpturales et sonores ou éléments architecturaux.

Mêlant plusieurs registres de langage, objets quotidiens et matériaux à la fois issus du low-tech, de la culture populaire et mainstream, les oeuvres de David Douard provoquent des glissements de sens générateurs de poésie et de fiction. Les fragments de poésie collectés sur Internet associés à des formes tourmentées, abîmées, découpées et rapiécées donnent naissance à des pièces sculpturales de nature hybride. Récoltant indifféremment les scories du monde, ses installations – composées de matériaux dont les caractéristiques organiques et anarchiques font écho à celles des mouvements sociaux – nous donnent à voir des corps en mutation.

Pour son exposition au Plateau, David Douard transforme l’espace en y intégrant des éléments architecturaux – grilles, voilages, écrans, cloisons, stores – qui ne sont pas sans évoquer les surfaces des écrans dans un rapport quasi virtuel à l’espace, ou encore les playgrounds grillagés de certains interstices urbains.

Ces espaces multiples se jouent de la superposition et de la transparence, avec force trames et calques qui accentuent l’effet ondulatoire et mouvant des images, des objets et des corps. Le lieu se revêt ainsi d’un patchwork de peaux sensitives et architecturales, tel un corps dont les zones vitales sont alternativement en éveil ou en sommeil et activées par des flux multiples.

La représentation de soi et celle d’une identité en devenir dessinent les reflets miroitants d’une introspection surexposée. Le souffle, le langage et son bégaiement s’insinuent également sous différentes formes – cut-up de voix ou de paroles, fragments d’écrits – et cette petite ritournelle semble se faire l’écho d’une parole collective échappant à toute tentative de catégorisation.

Dans cet univers, l’architecture cloisonne aussi bien qu’elle révèle, se cache tout en affirmant son autorité, et les objets anthropomorphes qui s’y immiscent abandonnent les parois au profit d’une centralité éclatée. L’entrave et la contrainte des corps sont au centre de cette immersion individuelle et collective où les informations, les objets, les figures renvoient aussi bien à la maîtrise qu’au pouvoir subversif des images et du langage.

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