À l’occasion de sa première exposition personnelle à la Galerie Chantal Crousel, Matias Faldbakken présentera une série d’installations composée de dessins réalisés depuis 2017, et de divers ensembles de briques laquées, certaines de provenance locale, d’autres fabriquées en Norvège.

La pratique de Matias Faldbakken explore des problématiques variées et souvent contradictoires, que l’on pourrait synthétiser en une question : Qu’est-ce que l’antagonisme ?

Ses œuvres maintiennent en tension perpétuelle des forces de proposition et d’annulation, une générosité esthétique et une retenue conceptuelle, ainsi qu'une possibilité du langage et sa dissolution dans l’illisibilité. Cette constante que l’on retrouve dans son travail est un mouvement vers l’abstraction. Cela est rendu possible par le biais de divers matériaux souvent utilisés pour la construction ou la logistique, comme des sacs poubelles et des cartons aplatis, des murs carrelés, des objets en béton ou, plus récemment, des sculptures de briques. Les « produits esthétiques » de ses expositions, selon la formulation de l’artiste, sont « les effets secondaires d’une stratégie artistique qui engage des possibilités immédiatement disponibles de désengagement. »

Dernièrement, Matias Faldbakken expose davantage ses dessins. Il explique : « J’ai toujours considéré le dessin comme étant abstrait, quel qu’il soit. C’est à la fois un lieu de promesse visuelle et d’immense déception. Un dessin ne permet pas de bluffer car il est la rencontre la plus élémentaire entre l’idée, l’exécution et l’apparence. Ce que l’on demande à un dessin de rendre visuellement ne sera jamais satisfait ; les monstres de la narration y sont suspendus. Le dessin appartient au monde fluide de la non-écriture. Il est rapide, peu coûteux, pratique, jetable, immédiat, primitif, addictif et désespérant. Les matériaux physiques étouffent les intentions. Les images sont noyées dans l’encre. Le fusain se consume et asphyxie ses motifs. Dessiner est ridicule, on le sait d’entrée de jeu. »

À propos de cette exposition, l’artiste commente : « Chaque dessin est accompagné d’une sculpture de briques disposée au sol, telle un soubassement, un caisson, un coffre ou un meuble de télévision. Une brique est, essentiellement, un « pain » d’argile en forme de bloc, à peu près de la taille d’un pain de seigle, cuit jusqu’à durcissement et empilé sur d’autres briques. La brique fait ce qu’elle doit faire, et montre ce qu’elle fait. Mais une fois laquée, elle devient abstraite. »

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Matias Faldbakken (né en 1973 à Hobro au Danemark) est un artiste et auteur norvégien ayant étudié à la National Academy of Fine Arts à Bergen et à la Städelschule à Francfort.
L’artiste utilise toute une gamme de supports, mais principalement la sculpture et le dessin. En tant qu’auteur, il écrit des romans.

Il s’est d’abord fait connaître en tant qu’écrivain grâce à son roman « The Cocka Hola Company », premier volet de sa trilogie « Misanthropie scandinave ». La critique sociale exprimée dans ses récits est contrebalancée par l’hermétisme délibéré de son art, dans lequel des matériaux sont travaillés pour devenir ce que l’artiste appelle des « gestes négativistes ».

Les œuvres de Matias Faldbakken ont fait l’objet d’expositions personnelles importantes au musée d’Art contemporain Astrup-Fearnley d’Oslo, en Norvège (2017) ; au Consortium de Dijon, en France (2013) ; au musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam, aux Pays-Bas (2012) ; au WIELS de Bruxelles, en Belgique (2012), à la Power Station de Dallas, aux États-Unis (2011) ; au Fridericianum à Cassel, en Allemagne (2010) ; au Kunst Halle de Saint-Gall, en Suisse et au musée national d’Oslo, en Norvège (2009 ).

Son travail a également été exposé à la Documenta 12 (2012) et au Pavillon nordique de la Biennale de Venise, où il représentait la Norvège (2005).

Depuis 2001, Faldbakken a publié cinq romans pour lesquels il a reçu le Bjørnson Prize, le Norwegian Radio’s Literary Award et le Buch Award de L’ITB Berlin. Son dernier roman a été présélectionné pour le grand prix de littérature du Nordic Council Literature Prize (2020). Ses œuvres écrites ont été traduites dans plus de quinze langues.

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