« Attached as we are to the senses, we manifest the sheer porousness of boutiques. The boutiques are categories. We have plenty of time. The problem is not how to stop, but how to articulate the politics of their passage. Every culture is the terrible gush of its splendid outward forms ».
—Lisa Robertson, Spatial Synthetics: A Theory*
Pour sa seconde exposition à la galerie, intitulée Lies, Mimosa Echard présente deux ensembles d’œuvres entremêlés : une série de toiles dans la continuité de ses tableaux métalliques oxydés ainsi qu’une nouvelle série de photographies réalisée dans une arcade parisienne des années 1920.
Pensés comme un système modulaire, les tableaux sont composés de tissu de protection contre les ondes électromagnétiques, un matériau conducteur utilisé pour créer des espaces abritant des radiations. Ces surfaces impénétrables sont recouvertes de grilles en papier aluminium — un matériau également associé à l’électrosensibilité et à la paranoïa. Les toiles sont ensuite exposées à divers liquides corrosifs qui les détériorent en surfaces suintantes de vert et d’argent. Superposées à l’architecture de type haussmannienne ornementée de la galerie, leurs tailles étranges et surdimensionnées font autant allusion à l’objet qu’à des éléments architecturaux, évoquant des portes, fenêtres, cartes mères aussi bien que des imageries météorologiques ou infrarouges.
Dans Lies, ces tableaux deviennent le décor d’une parade photographique où se cotoient mannequins, bibelots et autres marchandises dormantes qui s’accumulent dans les Arcades des Champs-Élysées. Autrefois piscine mondaine et cabaret renommé, ce passage apparaît désormais comme un non-lieu anachronique, liquéfié par les flux globalisés de corps et de marchandises, un piège à touristes où divers objets incongrus sont consommés. Durant plusieurs mois, Mimosa Echard a photographié ces objets dans leur « environnement naturel », les mettant en scène dans un psychodrame inerte où les êtres humains ont été remplacés par leurs présumés objets de désir et d’identification.
Collage de deux formes et de deux espaces, entrelacés par une pluie acide et accessoirisés de voiles en dentelle, de boas et de charms, Lies poursuit les recherches conceptuelles et formelles de Mimosa Echard sur la photographie en tant que médium intrinsèquement vulnérable, à la fois surface pénétrée et théâtre de projections artificielles. En juxtaposant les « architectures du plaisir » des deux derniers siècles — le fantasme d’un safe space sans radiations et les origines de l’expérience urbaine consumériste — l’artiste examine l’érotisme de la chair contemporaine et son désir inéluctable de devenir image.
* Lire ici l'extrait complet de Occasional Works and Seven Walks from the Office of Soft Architecture de Lisa Robertson (Coach House Books, 2010).