Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Chantal Crousel, Wade Guyton revient à la précédente présentation d’il y a six ans. Reprenant le fichier numérique utilisé pour les dix peintures noires de 2008, il en crée dix nouvelles. L’imprimante est maintenant une Epson 9900, le modèle qui remplace la Epson 9600. L’encre est l’UltraChrome avec la technologie Vivid Magenta™.

Cette fois, on est dans le 10.7.51, qui est dans le cloud, mais aussi dans le sol et les murs. Après tout, cette exposition est intégrée au bâtiment, formée par les contours de la galerie. Le temps devenu matériel. Plus métamorphique que sédimentaire. La densité a augmenté. Condensée en une seule oeuvre. Le bruit est plus fort. Le sol est à nouveau recouvert de contreplaqué et peint, ravivant cette sensation ancienne sous nos pieds.

Voici ce qui avait été écrit en 2008 :
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Chantal Crousel, Wade Guyton propose une nouvelle série de peintures qui se présentent à première vue comme des monochromes noirs. Réalisés avec une imprimante Epson de grand format, à l’instar des peintures qu’il a produites ces trois dernières années, ces travaux sont imprimés sur une toile de lin industrielle préparée, un support traditionnellement utilisé pour la peinture à l’huile, et non pour l’impression jet d’encre. Récemment, l’artiste a remarqué que certains rouleaux de lin qu’il venait d’acquérir, a priori identiques, ne réagissaient pas de la même manière que par le passé ; les marques, images et les lettres qu’il imprime habituellement sont absorbées par la toile poreuse au lieu de se fixer sur sa surface, comme c’était le cas dans ses précédentes oeuvres. Ces nouvelles peintures sont mises de côté, et considérées comme ratées, de même que la toile de lin est jugée inutilisable. Conscient de cette nouvelle interaction entre l’encre et la surface, Wade Guyton commence à réimprimer ces peintures avec un rectangle tracé sur Photoshop rempli de couleur noire. La répétition de ces surimpressions engendre un processus pictural inattendu. L’artiste continue à utiliser cette toile vierge « défectueuse » qu’il imprime et réimprime avec le même fichier. Chaque peinture réalisée traduit visuellement les actions de l’imprimante : la trace du mouvement des têtes de l’imprimante, leurs états d’encrassement, les traces des roues sur l’encre humide. Ces différentes marques et empreintes se retrouvent mêlées aux éraflures et salissures que subissent les toiles lorsqu’elles sont traînées au sol pour être réintroduites dans l’imprimante. Cette exposition constitue la seconde occurrence de l’installation des monochromes et du sol en contreplaqué noir, la première présentation ayant eu lieu à la galerie Friedrich Petzel à New York en novembre 2007.

Un catalogue comprenant des textes de Catherine Chevalier et John Kelsey accompagne l’exposition à la galerie.


Wade Guyton est né en 1972 à Hammond, dans l’Indiana. Il vit et travaille à New York.
Ses dernières expositions personnelles ont eu lieu à la Kunsthalle Zürich (2013) et au Whitney Museum of American Art de New York (2012). En 2013, il a participé aux expositions de groupes suivantes : Carnegie International 2013, Carnegie Museum of Art, Pittsburgh (Etats-Unis), Il Palazzo Enciclopedico, La Biennale di Venezia, Venise (Italie), Lies about painting, Moderna Museet Malmö (Suède). Il collabore régulièrement avec d’autres artistes, et notamment en 2013 avec Kelley Walker pour l’exposition Wade Guyton, Guyton\Walker, Kelley Walker à la Kunsthaus Bregenz (Autriche). Son travail sera montré dans l’exposition Prima Materia à la Punta della Dogana, Fondation François Pinault, Venise, du 13 avril au 31 décembre 2014.

1. 10.7.5 fait référence à la version du système d’exploitation Mac OS X, dont le nom de code est Lion.




 

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