La Galerie Chantal Crousel est heureuse de vous présenter la quatrième exposition personnelle de Anri Sala à la galerie.

Le son et la musique prennent une place importante dans le travail de l’artiste et sont au centre de cette exposition. Anri Sala cherche à saisir l’influence de l’espace sur la création du son et reformule son rapport à l’image.

L’exposition est imaginée comme un croisement d’échos et de transpositions où les oeuvres se recomposent à d’autres moments et dans d’autres lieux.

Le jour du vernissage, dans la cour de la galerie, les cartons d’invitations apportés par le visiteur seront insérés dans un orgue de barbarie. Sous la forme d’une partition perforée, chaque invitation déclenchera 4 secondes d’une célèbre chanson punk. Les cartons étant insérés de façon aléatoire, Invitations1, 2011 créera une version déstructurée de cette chanson.

A l’intérieur de la galerie, on entend une mélodie familière, comme un étrange écho où rupture et continuité jouent le même air. Dans le film Le Clash, 2010, le fameux riff d’une chanson s’échappe d’un bâtiment abandonné, servant autrefois de salle de concert dans laquelle des groupes de rock et de punk se sont produits.Tournant lentement la manivelle d’un orgue de barbarie, deux musiciens se promènent autour du bâtiment. Le son de l’orgue, le chants des musiciens et leur écho s’unissent en résonance. Un homme déambule lui aussi autour du bâtiment avec une boîte à chaussures sous le bras. Ecoutant la mélodie d’un air rêveur, il tourne lentement la petite manivelle qui joue, note après note, une autre version de la même chanson. Lorsque les mélodies se rejoignent, un changement de réalité semble se produire, mettant en relief deux souvenirs différents de la chanson punk.

La boîte à musique, celle cachée dans la boîte à chaussures vue dans Le Clash, est installée sur une fenêtre face à l’écran de projection. No Window no Cry (Le Corbusier, Maison-atelier Lipchitz, Boulogne)2 permet au visiteur de jouer avec l’espace de la galerie comme s’il jouait d’un instrument. “Jouer de la fenêtre”, ajoute un air supplémentaire à la bande-son du film. Le visiteur peut également jouer cet air sur la fenêtre de la maison-atelier de Boulogne dans laquelle est installée une autre boîte à musique.

La partition perforée de l’orgue de barbarie a été gravée sur l’un des murs de la galerie. Ce geste transpose le son dans une autre matérialité. Score, 2011 permet au son de l’extérieur et à la musique de l’intérieur de s’entremêler.

Quand Le Clash se termine, le visiteur est invité à suivre la voix de Madame Butterfly. Basé sur l’aria Vogliatemi ben, un bene piccolino de Giacomo Puccini, 5 Flutterbyes est un duo entre cinq sopranos et deux barytons. Quand une des sopranos chante, les autres retiennent leur voix, mimant seulement le chant. Au moment où celle-ci suspend sa voix, une autre reprend. Chantant les unes après les autres, les cinq sopranos évoquent la présence mouvante de Madame Butterfly.

Un éventail lumineux, utilisé dans la performance 5 Flutterbyes, est posé sur l’une des verrières de la galerie.
 
Why the Lion Roars, 2009 est une composition de longs métrages qui évoquent des sensations relatives au chaud et au froid. Les 57 films choisis représentent chacun un degré spécifique prédéfini; de -11°C à +45°C. Un thermomètre mesure la température à l’extérieur de l’espace de projection. Les variations de la température extérieure entraînent un changement de la programmation de la salle. Les changements de temps dictent ainsi la narration. Au moment exact où la température accroît ou décroît, un film diffusé est interrompu et remplacé par un autre, provoquant une collision de sens inédite. Certains films ne sont vus que par fragments car la température fluctue largement le matin, alors que d’autres sont projetés dans leur intégralité ou même en boucle quand la température se stabilise en fin de journée. Monté sans fin par les fluctuations du temps, Why the Lion Roars confie au hasard climatique sa fiction singulière.

Un bulletin météorologique quotidien de Why the Lion Roars, basé sur le temps prévu à Paris en 2009, a été réuni dans un livre. Il accompagne une série de dix photographies témoins des changements de température. Chaque photographie capte le moment précis où un film en remplace un autre. Dans le livre, une couleur est assignée à chacun des films : extraite d’une des scènes clé ou vestige du souvenir du film. Alors que les couleurs se mélangent dans le livre à cause du caractère incertain des prévisions de température, deux films différents se superposent dans chaque photographie, grâce au temps d’exposition de l’appareil photographique.

 

 

1.     Invitations a déjà été activé à Mexico en 2011 et pourra l’être de nouveau, à un autre moment, dans un autre endroit.
2.     Cette fenêtre est la reproduction d’une fenêtre de la maison-atelier de Lipchitz construite par Le Corbusier à Boulogne. Celle-ci s’ajoute à une série de fenêtres sur lesquelles l’artiste a déjà installé sa boîte à musique: Le Pavillon Cicillo Matarazzo de Oscar Niemeyer à  Sao Paulo, la Bibliothèque Centrale de l’UNAM de Mexico, créée par Juan O’Gorman.

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