La Galerie Chantal Crousel a le plaisir de présenter la troisième exposition personnelle de Reena Spaulings.

Un «ciel» en Dibond noir suspendu au plafond est le support d’une composition représentant l’alignement des étoiles le soir du vernissage de l’exposition, le 3 septembre 2016. En regardant le ciel de Paris ce soir-là, on devrait apercevoir des constellations telles que Persée (et la Méduse), Hercule, le Lion, la Balance, le Scorpion, le Cygne, l’Aigle, la Grande Ourse, la Petite Ourse et le Dragon. Le ciel est à la fois une carte et un schéma, gravé avec des clous et peint avec des huiles Sennelier sur des panneaux composites en aluminium.

Bien que le modèle principal pour cette installation soit le plafond astrologique de la Sala del Mappamondo à la
Villa Farnèse à Caprarola en Italie (peint à la fin du XVIème siècle par Giovanni Antonio Vanosino da Varese), l’exposition fait également référence au plafond de Heimo Zobernig présenté dans le Pavillon autrichien à la Biennale de Venise en 2015, et aux peintures des années 1920 et 1930 de Laszlo Moholy-Nagy sur des matériaux industriels. Dans les salles adjacentes, on trouve de nouvelles œuvres, des huiles sur Dibond, représentant l’écrivain star Michel Houellebecq et plusieurs personnages du jeu Pokémon Go récemment aperçus dans le Marais (Weedle, Grodoudou, Arbok,
Gloom, etc.). L’intégralité des œuvres présentées a été réalisée in situ.  

Pont du Carrousel est une exposition qui se localise, et nous localise, dans l’espace et le temps à travers des supports contemporains comme la peinture. On pourrait dire que la projection astrologique des figures et des mythes parmi les étoiles a été l’un des premiers exemples de « réalité augmentée ».
Dans une période où l’être se disperse, en lui-même et au travers d’autres objets via des applications telles que Pokémon Go (et Oil Painting), nous permettons à Google et d’autres de nous géolocaliser et d’évaluer sans cesse nos comportements, ce qui nous semble de plus en plus ordinaire. Cependant, l’art n’a de cesse d’évoluer, de prendre de nouvelles formes et de nouvelles voies.


Pont du Carrousel

Der blinde Mann, der auf der Brücke steht,
grau wie ein Markstein namenloser Reiche,
er ist vielleicht das Ding, das immer gleiche,
um das von fern die Sternenstunde geht,
und der Gestirne stiller Mittelpunkt.
Denn alles um ihn irrt und rinnt und prunkt.

Er ist der unbewegliche Gerechte
in viele wirre Wege hingestellt;
der dunkle Eingang in die Unterwelt
bei einem oberflächlichen Geschlechte.

 

 

L’aveugle qui se dresse sur le pont,
gris, comme la borne d’empires inommés,
n’est peut-être que cette chose, invariable,
autour de quoi gravitent les conjonctions astrales,
l’immobile moyeu des constellations.
Car alentour, tout n’est qu’égarement, fuite et clinquant.

Il est le juste inébranlable
posté aux chemins qui divaguent,
l’accès ténébreux aux enfers
aux yeux d’une superficielle engeance.

- Rainer Maria Rilke



 

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