Loin d’être un simple accompagnement de l’image, le son joue un rôle majeur dans l’oeuvre d’Anri Sala : il révèle l’espace et est abordé pour sa capacité à « ouvrir » le moment présent. Associés à des sculptures animées, des dessins, des photographies ou des installations sonores, ses films déploient un spectre musical d’une surprenante variété : le free jazz du saxophoniste Jemeel Moondoc dans Long Sorrow (2005) côtoie la musique de Schönberg dans The Present Moment (2014), la célèbre chanson punk Should I stay or should I go ? dans Le Clash (2010) ou encore l’Élégie de Stravinsky dans If and Only If (2018). Dans chacune de ses oeuvres, l’expérience subjective et sensorielle du spectateur entre en résonance avec une dimension collective, sociale et historique. 

Cette attention portée à l’expérience se retrouve dans la manière spécifique qu’a Anri Sala d’envisager ses expositions. Chacune d’elles offre une configuration singulière et est pensée comme un « continuum de présences et de flux », un « site de conjonctions et d’interrelations » dans lequel le spectateur joue un rôle actif. « L’idée, précise l’artiste, n’est pas de tracer un parcours ou d’offrir un possible scénario, mais de synchroniser les oeuvres entre elles comme s’il s’agissait d’une partition musicale. » 

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